Kai-Lan SOJA BIO – La petite graine qui vaut de l’or

SOJA BIO – La petite graine qui vaut de l’or

En cette période de crise, si le secteur de l’agriculture biologique tire bien son épingle du jeu avec un marché mondial toujours croissant, ce n’est pourtant pas sans peine.

Comment satisfaire la demande crescendo de consommateurs malgré tout soucieux de leur porte-monnaie, dans un contexte de hausse de prix de la plupart des matières premières, de difficultés logistiques et de pénurie sur de nombreux produits ?

Focus sur la graine de soja bio, une des matières les plus stratégiques en alimentation animale, qui semble aujourd’hui dans une impasse.

Le mois de mars aura été particulièrement marqué par les inquiétudes liées à la raréfaction des graines et tourteaux de soja bio, tout comme par leurs niveaux de prix exorbitants.

Alors que les opérateurs du secteur s’étaient plus ou moins adaptés à la fermeture des robinets chinois depuis le premier confinement, voilà que les deux autres principaux approvisionneurs font plus que défaut.

En Inde, le marché de la graine locale, après plusieurs mois de hausses régulières, est devenu des plus volatils. Les groupements de fermiers semblent s’asseoir sur leurs tas en attendant le meilleur moment pour vendre.

D’ailleurs, on peut s’interroger sur les volumes encore disponibles sachant que les rendements de la récolte 2020 ont été particulièrement impactés par le virus de la mosaïque jaune qui a sévi dans de nombreuses régions.

Dans ce contexte, entre les exportateurs indiens qui n’ont pas exécuté leurs contrats et ceux qui n’ont pas grand-chose à offrir – même si les prix tutoieraient les 1000 EUR/T FOB – les flux vers l’Europe se sont considérablement taris.

De plus, les vendeurs indiens semblent se montrer des plus prudents depuis l’affaire de l’oxyde d’éthylène détecté dans les graines de sésame et dans de plus en plus d’autres matières, à en croire la liste des produits faisant l’objet de rappel qui continue de s’allonger. Ils pourraient bien privilégier d’autres destinations, comme les Etats-Unis, où l’utilisation en conventionnel de ce produit chimique ne serait pas totalement interdite.

Pour couronner le tout, le pays est actuellement touché par une seconde vague de coronavirus avec l’augmentation exponentielle du nombre de cas positifs au variant B.1.617 qui serait un « double mutant » et qui, bien que plus asymptomatique que le précédent, se répandrait plus rapidement dans les foyers et toucherait les plus jeunes.

En attendant, toutes les zones urbaines sont sous couvre-feu et les régions les plus touchées ont même été totalement confinées, y compris le Madhya Pradesh, la plus grande région pourvoyeuse en graines et tourteaux de soja bio. La population a majoritairement quitté la ville pour se confiner dans les villages d’origine contraignant les usines à tourner au ralenti.

A suivre donc l’évolution de l’épidémie et les futures mesures de restrictions prises par le gouvernement qui auront forcément un impact sur le commerce alors que le pays vit une catastrophe humaine et économique sans précédent.

Autre continent fournisseur en graines de soja bio qui a fait parler de lui récemment pour non-exécution de contrats : l’Afrique de l’Ouest et, en particulier, le Togo.

En effet, plusieurs importateurs européens ont vu leurs contrats dénoncés et s’affairent à trouver d’autres sources d’approvisionnements.

En Europe, plus de graines disponibles à l’horizon et ce depuis déjà longtemps.

L’Amérique du Sud pourrait-t-elle être « la » solution ?

D’après Soybean and Corn Advisor, les rendements et premières récoltes à mi-avril en Argentine sont plutôt décevants. Sans compter les rumeurs de grève dans le secteur oléagineux qui circuleraient sur le marché.

En revanche, au Brésil, malgré des semis tardifs et des précipitations excessives, les experts annoncent une récolte de soja record cette année, récolte qui touche maintenant à sa fin après plusieurs semaines de retard.

Mais le pays est malheureusement, lui aussi, frappé par une vague de Covid-19 très meurtrière via le variant P1, dit « variant brésilien ». Là encore, en plus de la détresse causée par la situation sanitaire, on peut s’attendre à des dégâts collatéraux en termes de logistique et d’échanges mondiaux.

Un arrivage en Hollande de tourteaux de soja bio chinois aurait bien été signalé récemment mais à quel prix ?!

D’autres arrivages de Chine semblent possible mais la grande majorité des signaux sont dans le rouge et les espoirs d’une amélioration notable semblent plutôt lointains : encore six mois restent à tenir avant l’arrivée de la nouvelle récolte des principaux bassins de production…

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