RIZ récolte 2022 – A quelle sauce va-t-on être mangés ?
Si de nombreux secteurs alimentaires sont touchés par la crise, le marché du riz italien semble faire partie des plus mal menés.
Les rizeries italiennes doivent déjà faire face, depuis de longs mois, à une augmentation drastique du coût de l’énergie, à laquelle s’ajoute celle des coûts logistiques, d’emballage etc…
Et voilà que la météo est venue enfoncer le clou !
Les faibles précipitations depuis l’hiver 2021/2022 ont engendré des disponibilités hydriques réduites pour les cultures de printemps dans tout le nord du pays.
Les deux saisons suivantes, des températures supérieures à la normale n’ont fait qu’aggraver la situation en entrainant des retards de développement des cultures.
Pour rappel, le Pô a connu l’un de ses plus bas niveaux depuis ces 70 dernières années…
Les riziculteurs n’ont pas tous pu irriguer leurs champs et de nombreuses parcelles ont été abandonnées précocement.
Les provinces de Pavia, Milan, Lodi et une partie du Piémont ont été les zones les plus touchées.
D’après les études menées par l’Ente Nazionale Risi, ce serait 3000 hectares de riz perdus pour la région Piémontaise et pas loin de 23 000 hectares pour la Lombardie.
A ces pertes, viennent se rajouter des cultures endommagées estimées à 37/40% dans la région Pavese où de nombreux petits grains et grains verts sont à déplorer.
La récolte est toujours en cours et les agriculteurs prennent leur temps.
D’’une part pour optimiser leurs coûts de séchage, d’autre part parce qu’ils s’attendent à ce que les prix du riz paddy augmentent.
Au marché de Vercelli les cotations commencent à sortir mais les affaires tardent à se faire.
Malgré des niveaux de paddy conventionnel déjà élevés – 460/480 EUR/T départ agriculteur pour le Long B et 530/580 EUR/T départ pour des variétés de ronds type Balila, Centauro et autres riz similaires – les producteurs attendent des moments plus opportuns.
Quant à la plupart des rizeries, bluff ou pas, elles semblent ne pas être pressées d’acheter et auraient des stocks encore pleins de riz importés d’Asie.
Concernant le riz biologique, les délais semblent encore plus longs.
Le paddy n’est toujours pas coté sur les principaux marchés et les usines ont peu d’échantillons à se mettre sous la dent.
Le plus gros de la récolte sera pourtant faite d’ici la fin du mois d’octobre et, au final, selon les opérateurs, on doit s’attendre à une hausse de prix du produit fini de l’ordre d’au moins 20 à 30% par rapport à la précédente campagne.
A noter que le gouvernement italien a décidé de débloquer 15 millions d’euros pour aider le secteur rizicole du pays.
Cependant, les potentiels bénéficiaires considèrent que ces aides seront loin d’être suffisantes et qu’ils pourraient attendre de longs mois voire des années avant d’en voir la couleur.
Qu’en est-il pour le reste de l’Europe ?
L’Espagne connaitrait également de lourdes pertes en raison de plus faibles surfaces ensemencées.
En France, les surfaces se seraient stabilisées à 11 000 hectares de riz, 3000 en bio et 8000 en conventionnel.
La récolte semble maintenant bien avancée et les riziculteurs camarguais semblent plutôt satisfaits des rendements.
Une pression sur les prix est maintenue mais contrairement aux autres pays, on ne semble ni déplorer de baisse de surfaces ni de problématiques de récolte.
Sur le continent asiatique, un des évènements majeurs est la mise en place, en Inde, depuis le 9 septembre dernier, de droits à hauteur de 20% sur l’exportation de riz autre que le riz étuvé et le Basmati.
Quant aux brisures de riz, l’exportation est totalement interdite.
Dans ce contexte, la campagne 2022/2023 s’annonce tout de même des plus compliquées…