Kai-Lan RECOLTE DES OLIVES 2021/2022 – Au gré des aléas climatiques

RECOLTE DES OLIVES 2021/2022 – Au gré des aléas climatiques

« Et les changements climatiques ceci, et les changements climatiques cela » : ces mots sont sur toutes les langues et se déclinent à l’international.

Sur le terrain, on les vit, on les subit, pour le pire et parfois pour le meilleur, mais aucune culture n’y échappe, et l’olivier n’y a fait pas exception cette année.

Nous sommes en novembre et désormais tous les yeux sont tournés vers la nouvelle récolte des olives particulièrement éprouvées par les caprices climatiques qui se sont abattus dans tout le bassin méditerranéen depuis le printemps dernier.

Le mois d’avril est arrivé avec ses gelées inattendues en dessous de -7°C, affectant au passage la floraison précoce et réduisant la quantité d’olives parfois de façon non négligeable sur les arbres.

La France, mais plus encore l’Italie et la Grèce, ont été particulièrement éprouvées.

La Grèce

Après le froid, la canicule exceptionnelle (la pire même depuis 30 ans), la forte sècheresse et ses feux qui ont détruit de nombreux oliviers, celle-ci a vu récemment s’abattre de fortes pluies et rafales de vent sur la Crète et le Péloponnèse, amenuisant encore plus les capacités de production déjà affaiblies, estimées autour de 180 000 tonnes pour 2021-2022, selon le courtier spécialisé sur le marché grec, Luigino Mazzei.

L’Italie

L’Italie n’est pas épargnée non plus. Le sud où se trouve la plus grande région productrice d’huile d’olive traverse une crise sans précédent.

En plus des aléas climatiques, du manque d’eau, de la propagation de l’agent pathogène – Xylella fastidiosa – l’Italie doit faire face à une pénurie de main d’œuvre et à des coûts de production élevés.

En raison de la covid-19 et de la lenteur des institutions locales à répondre aux demandes des agriculteurs, les saisonniers de l’Europe de l’Est font défaut.

Face à toutes ces difficultés, si certains producteurs n’ont pas d’autre choix que de retarder la récolte des olives, dans l’espoir de voir de meilleurs rendements, d’autres décident tout bonnement d’abandonner les oliviers.

Pourtant, les perspectives restent positives, avec une récolte de très bonne qualité et une estimation de production d’huile d’olive aux alentours de 300 000 tonnes, selon les associations du secteur et l’écrivain, journaliste, oléologue et directeur d’Olio Officina, Luigi Caricato.

L’Espagne

En Espagne, la campagne 2020/2021 s’est achevée avec un report en huile d’olive d’environ 400 000 tonnes, un marché stable mais encore fort, malgré une qualité amenuie qui a causé bien des tracas aux vendeurs tout au long de l’année.

Les oliviers espagnols n’ont pas été épargnés et ont souffert jusqu’à récemment d’une grande détresse hydrique, en raison des températures automnales anormalement élevées avoisinant les 27°C et plus.

Le manque d’eau s’est fait terriblement sentir dans les oliveraies, surtout dans les régions les plus au sud du Pays, à tel point que l’Andalousie qui représente 80% du rendement en huile d’olive espagnole, envisage une baisse de sa production cette année.

Les pluies, certes tardives mais surtout inégales selon les régions, s’avèrent tout de même régénératrices tant pour les arbres que pour la taille des fruits, et améliorent les rendements d’huile, situés entre 18 et 20%.

Pour l’heure, la Junta de Andalucia estimerait la production d’huile olive en Espagne à environ 1 350 000 tonnes.

Lot de consolation : la qualité est plutôt bonne et l’arrivée sur le marché des lots d’huile d’olive fraîche amène un peu de relâchement dans les prix.

La Tunisie et le Maroc

Selon les dernières estimations recueillies par MERCACEI auprès de spécialistes du secteur, la Tunisie pense parvenir à produire entre 220 000 et 240 000 tonnes cette année, malgré les rares précipitations estivales enregistrées sur le pays.

Pour le Maroc, le directeur d’Agropôle Olivier, Noureddine Ouazzani, estime un volume de 156 000 tonnes, soit une production supérieure de 30% à celle de l’année passée.

Les températures clémentes et les conditions météorologiques du mois de septembre sont venues atténuer les stigmates de la sécheresse estivale qui avait entravé le développement correct des fruits.

La nouvelle récolte ne fait que commencer et il va falloir attendre fin décembre 2021 pour voir les profils de chacun se dessiner et y voir plus clair sur les qualités et les niveaux de prix.

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