La hausse des prix du transport maritime est-elle terminée ?
L’ascension spectaculaire et vertigineuse des taux de fret maritime de transport de conteneurs semble (enfin !) faire une pause, certes à un niveau historique : plus du double des plus hauts atteints en 2005.
Aujourd’hui, de grandes sociétés importatrices comme Walmart aux Etats Unis, et Ikea en Europe vont affréter des navires et acheter des conteneurs pour pallier les défaillances des transporteurs.
Selon Mikael Redin, Responsable Supply Chain d’IKEA « Le transport de marchandises par conteneur est devenu 800 à 900 % plus cher pendant la pandémie. Les navires font la queue pendant des semaines devant les ports du monde entier pour décharger leurs marchandises. La congestion des ports combinée à une demande historiquement élevée a créé un déséquilibre sur l’ensemble du marché mondial du transport maritime. »
Comment en est-on arrivé là ?
Le marché est complexe et cyclique, avec la crise de 2008, les taux de frets très bas (prix d’un conteneur de la Chine vers l’Europe : 500$ contre 14 000$ aujourd’hui) associés à des prix de soutes élevées, ont vu nombreux opérateurs disparaitre pendant que les autres se lançaient dans une course au gigantisme pour réaliser des économies d’échelle.
Aujourd’hui, une offre de navires limitée, des ports saturés et une augmentation inattendue de la demande forment un cocktail explosif pour une envolée des taux de fret et la difficulté même à répondre aux besoins sur des routes commerciales de moindre envergure, certaines étant même rayées de la carte !
Le 9 septembre 2021, l’armateur français CMA-CGM, troisième transporteur mondial de conteneurs, a suspendu la hausse des taux de fret sur des contrats spots (taux négociés pour moins de trente jours), décision maintenue jusqu’au 1 Février 2022.
Rodolphe Saade, PDG de la compagnie dont le siège est à Marseille, indique que cette décision préventive a pour objectif de « privilégier une relation de long terme avec ses clients, face à une situation inédite pour le transport maritime »
Cependant, ce gel semble une décision commerciale isolée, et aujourd’hui, la pénurie d’offre de navires entretient un marché fort à court et moyen terme.
Certains segments de marché ont vu leurs prix multipliés par 4 depuis le début de l’année, et des acteurs sont prêts à payer des navires en location pour 200 000 USD par jour, contre 6 000 USD dans des conditions « normales ».
Les taux de fret d’Inde sur Anvers l’an dernier étaient de 800 $, aujourd’hui il faut compter 7000$ sans avoir l’assurance de navires et/ou de conteneurs disponibles.
Le marché pourrait ressembler à une bulle, mais, selon les analystes, il devrait se maintenir à des sommets dans le dernier trimestre 2021 et le premier trimestre 2022.
La demande reste très forte (« Golden Week » en Chine en Octobre, Noël, Nouvel An Chinois), les difficultés logistiques et portuaires persistent, particulièrement aux Etats Unis et en Europe, le prix du baril de pétrole au plus haut (Brent à 82$) et les baisses observées parfois en décembre et Janvier n’auront certainement pas lieu, le temps au marché de digérer.
Sources : Journal de la Marine Marchande
Le Monde