Newsletter – 23 Mars 2021
Une erreur s’est glissée dans la précédente Newsletter au paragraphe Le Bio en France dans l’article BIOFACH/VIVANESS 2021- Que retenir de cette première numérique? Il fallait lire « D’après une enquête du FIBL de 2021, la part du Bio en France, sur la valeur des ventes d’œufs, serait de 37.2% en 2019. »
BIOFACH/VIVANESS 2021- Que retenir de cette première numérique?
Le plus grand salon international de l’alimentaire et de la cosmétique Bio a donc rassemblé, virtuellement, cette année, 1442 exposants et 13800 participants de 136 pays. Comme dans toute première, on a un peu « essuyé les plâtres»…
Malgré une mise en place assez laborieuse, une navigation dans le site loin des plus aisée et des problèmes de connexion, les participants ont eu plaisir à se retrouver !
Ils ont pu prendre de nouveaux contacts et suivre de nombreuses conférences en ligne sur des sujets techniques, politiques ou plus généraux sur la Bio.
Alors que retenir de l’évènement ?
Les tendances
Les tendances se portent aujourd’hui sur les produits bio à base de plantes, à faible teneur en sucre ou sans sucre, sur les aliments à « bénéfices supplémentaires » mais aussi sur les labels de durabilité et de responsabilité sociale.
Les derniers chiffres de la Bio
D’après les données collectées par le FIBL et l’IFOAM qui ont été publiées en février 2021 dans la 22ème édition de « The World of Organic Agriculture » et qui ont été présentées à l’occasion du salon, dans le cadre de la conférence du même nom, la Bio dans le monde se porte pour le mieux et a plutôt été boostée pendant la crise Covid.
En 2019, elle représente 72.3 millions d’hectares, soit 1.6% de plus qu’en 2018, 3.1 millions de producteurs et un marché de 106 milliards d’euros, soit une hausse de 9.6% par rapport à l’année précédente.
En Europe, 1 millions d’hectares supplémentaires ont été cultivés en Bio en 2019 alors que les importations en provenance des pays-tiers sont restées stables. Les ventes Bio, quant à elles, ont pesé 45 milliards d’euros et la hausse semble se poursuivre sur 2020. On sait déjà notamment que les ventes en Allemagne ont augmenté de 20%.
Les grands gagnants en 2019 ? Sans aucun doute les ventes en ligne, ventes à domicile mais aussi les magasins spécialisés de proximité.
Les grands perdants de cette année de crise sanitaire, comme on s’en doute, la Restauration Hors Foyer terriblement impactée par le développement du télétravail et surtout par les fermetures généralisées des restaurants.
Le Bio en France
D’après une enquête du FIBL de 2021, la part du Bio en France, sur la valeur des ventes d’œufs, serait de 37.2% en 2019. La France a pris la 2ème place, derrière l’Espagne, en termes d’hectares bio cultivés et également en termes de ventes Bio, juste derrière l’Allemagne.
D’après les chiffres fournis par l’Agence Bio lors de la conférence « The European Market of Organic Food » la France c’est, cette même année, 2.29 millions d’hectares en Bio soit 8.5% de la SAU, plus de 47 000 producteurs et de 23000 opérateurs, ainsi qu’un marché de 11,3 milliards d’euros, soit 13.34% de plus qu’en 2018. Ce marché devrait peser, d’après les dernières estimations, 1 milliard de plus en 2020.
Les enjeux en Europe
Grâce au Pacte Vert européen et à la stratégie de La Ferme à la Table, l’objectif est d’atteindre 25% de surfaces cultivées en Bio, en Europe, d’ici 2030.
On ne peut donc que se réjouir de la demande exponentielle des consommateurs, en particulier depuis la crise sanitaire du COVID, qui devrait ainsi pouvoir accompagner le développement des surfaces. Mais, avec 3.3% de la SAU en Bio, en 2019, en Europe, on est encore loin du compte !
Quel va être l’impact de l’entrée en vigueur du nouveau règlement bio européen à partir du 1er janvier 2022?
Est-ce qu’au niveau national, tous les états membres vont mettre les moyens financiers et techniques nécessaires pour accompagner la transition vers plus de Bio ?
Les européens semblent de plus en plus se soucier de leur santé et de l’environnement, toutefois, bien que la demande soit au rendez-vous, on a pu constater que la part du pouvoir d’achat consacrée aux aliments biologiques en 2019, dans certains pays, avait baissé.
Alors quels seront les impacts de la crise économique sur ce marché pourtant en plein essor ?
Retrouvez tous les chiffres et présentations du FIBL cités dans cet article, en suivant ce lien https://www.organic-world.net/index.html
Les participants à Biofach/Vivaness 2021, peuvent également retrouver, pendant encore 5 mois, les présentations détaillées des exposants ainsi que les conférences en replay, en se connectant sur www.talque.com avec leurs identifiants remis pour le salon.
OXYDE D’ETHYLENE DANS LES GRAINES DE SESAME – De nouveaux rebondissements
Depuis les toutes premières annonces, début septembre 2020, via le système d’alerte européen RASFF, de la présence d’oxyde d’éthylène dans du sésame indien et produits dérivés, les alertes se succèdent et les tentacules de la pieuvre ne cessent de se déployer…
Alors que l’on pensait que la présence de ce pesticide – interdit en Europe depuis 2011, dans l’alimentation humaine comme dans l’alimentation animale, pour ses risques cancérigènes – se cantonnait à la graine de sésame indienne, voilà que la liste des produits retirés du marché et des pays susceptibles d’utiliser ce produit chimique, s’allonge de jour en jour.
Le rapport du sénateur Laurent Duplomb du 17 février 2021 indique que d’autres produits que le sésame seraient concernés, comme le psyllium biologique, les épices, farines sans gluten, amaranthe bio, mélanges d’épices indiens ou échalotes séchées. Les pays incriminés seraient, en plus de l’Inde, le Vietnam, la Chine, la Jordanie mais aussi le Burkina Fasso, l’Ethiopie, la Bolivie ou le Paraguay.
Plus de cent pays seraient concernés par l’alerte dont 20 pays européens, mais le rapport ne fait pas état de répercussions constatées au niveau des centres anti-poisons.
En attendant, la liste des produits faisant l’objet de retraits et rappels, mise à jour régulièrement en France par la DGCCRF, ne cesse de s’étoffer.
Les contaminations dateraient de 2018 mais seraient peut-être plus anciennes.
Sur les causes possibles d’utilisation de ce produit chimique, le rapport évoque un traitement préventif par fumigation afin de réduire des risques tels que la présence de salmonelles.
Mais d’autres hypothèses sont émises comme «l’utilisation de l’oxyde d’éthylène comme désinfectant pour le stockage ou le transport, comme produit phytopharmaceutique ou d’autres facteurs qui pourraient pour certains, expliquer de légers dépassements par rapport à la LMR comme la désinfection des sacs de toile contenant ces graines, le lavage de produits frais dans l’eau chlorée entrainant une réaction ou le développement naturel de certaines plantes. ».
Les investigations sont toujours en cours et des mesures ont déjà été prises en France, comme en Europe, telles que l’obligation de retraits et rappels des graines de sésame non conformes et produits transformés en contenant, quel que soit le taux d’incorporation, ou l’obligation de fournir une analyse de pesticides sur les graines de sésame indiennes lors de l’importation.
Cette affaire a créé un chaos sans précédent en Inde où certains organismes de contrôle biologiques auraient été suspendus pendant quelques temps, le temps pour les Autorités de mener leur enquête. Même si la situation à leur niveau serait rentrée dans l’ordre, de nouvelles mesures auraient été prises auprès des exportateurs. Ils devraient désormais fournir une analyse conforme pour tous les produits envoyés en Europe, en bio comme en conventionnel. Pour les produits destinés au marché Canadien ou Américain, cette obligation ne serait valable que pour les denrées issues d’agriculture biologique car l’utilisation de l’oxyde d’éthylène n’y serait pas interdite en conventionnel. Dans ce contexte, les transactions vers ces pays sont aujourd’hui privilégiées et le flux entre l’Inde et l’Europe est d’autant plus ralenti.
Mais nous ne sommes qu’au début de cette affaire et comme on ne trouve que ce que l’on cherche, nous ne sommes pas au bout des mauvaises surprises !
Un nombre de plus en plus important d’opérateurs européens de la Bio procèdent à des analyses sur différents produits importés, de différentes origines, et certaines analyses s’avèreraient positives à l’oxyde d’éthylène.
Sa recherche, systématique, imposée, en tous cas dans les produits Bio importés, paraît une évidence. Mais quelles vont être les conséquences et qui va payer ?
Le nouveau site unique d’information des consommateurs sur le rappel des produits de consommation courante, RappelConso, sera accessible, à partir de début Avril, au grand public. Les entreprises françaises vont y centraliser leurs avis de rappels et le consommateur y retrouver des informations détaillées (numéros de lots, photos des produits, risques encourus etc…). On peut s’attendre, et c’est le but, à ce que l’information circule mieux et, par conséquent, à ce que l’impact soit d’autant plus grand.
MARCHE DU RIZ EN ITALIE – Brisures, vous avez dit brisures?
La pénurie en brisures et écarts de riz est avérée depuis plusieurs mois déjà en Italie et ce phénomène ne fait qu’amplifier en raison du manque d’usinages dans beaucoup de rizeries. En effet, ces dernières ont de plus en plus de mal à honorer leurs contrats de sous-produits, et certaines proposent même leurs services à coût réduit pour essayer de relancer les machines.
Comment expliquer cette pénurie de travail des rizeries ? Si en premier lieu, le sur-stockage provoqué par le premier confinement semblait être une explication, une autre, bien que toujours liée aux restrictions sanitaires imposées depuis un an, semble plus plausible : le profil des clients. Il semblerait que les rizeries qui travaillent avec les réseaux de distribution dont les clients sont les ménages tirent très bien leur épingle du jeu, alors que celles qui ont pour clients les collectivités, les hôtels et les restaurants sont à l’arrêt. Pour rappel : depuis le 15 Mars et au moins jusqu’au 6 Avril, l’Italie a de nouveau durci ses restrictions et mesures sanitaires.
Pourtant la demande en sous-produits ne faiblit pas et les prix continuent à grimper. Si en début de campagne, il fallait compter entre 350 et 380€/tm, la semaine dernière au marché de Vercelli, les brisures conventionnelles se cotaient entre 410 et 450€/tm pour les plus belles qualités. Et les choses ne vont pas aller en s’arrangeant.
Les problèmes d’approvisionnements en provenance des pays d’Asie et les coûts du fret maritime en constante hausse, ne font qu’accentuer la forte demande en Italie. C’est ainsi que pour la récolte 2020/2021, celle-ci a vu ses livraisons augmentées de presque 13% en Europe – Allemagne, France, Royaume-Uni pour le trio de tête – et ses exportations vers les Pays-Tiers faire un bond de 39%, par rapport à la même période, sur la campagne 2019/2020 (source Situazione del mercato di marzo 2021 – rapport ENTE RISI). En revanche, ses importations ont quant à elles diminué de 37% pour le riz Indica et de 26% en provenance du Cambodge et du Nyanmar.
Pour l’heure, rien n’indique que les prix du riz vont baisser d’ici la fin de la campagne, surtout pour le bio, d’autant plus que les agriculteurs s’affairent actuellement à emblaver et ne sont donc pas ouverts à la vente. Personne ne sait encore quelles sont leurs intentions. En 2020, leur préférence s’était tournée vers le riz rond. Il va falloir attendre encore quelques mois avant que ne sortent les chiffres officiels de 2021.